LA DEMARCHE

Le site des Tanneurs de l’Université François Rabelais se situe au coeur de la ville de Tours, en bord de Loire. Le bâtiment existant est une construction des années 60 et se compose de 4 entités : le bâtiment amphithéâtres à l’Est, le bâtiment Faculté, la tour de la Bibliothèque Universitaire et une réserve foncière située à l’angle de la rue des Tanneurs et de la rue Monseigneur Marcel. ateliers 234 a été désigné lauréat de l’étude de définition lancée en 1999 visant à restructurer la totalité du site.

L’opération actuelle concerne une partie de la restructuration générale du site. Elle répond aux demandes les plus urgentes de la Faculté à savoir :

-La restructuration légère de la zone Est

-La restructuration de l’aile Ouest de la Faculté

-L’amélioration de la sécurité de la tour de la Bibliothèque

-La construction d’un bâtiment neuf accueillant 5 amphithéâtres de 250 à 300 places, des salles de cours, un plateau audiovisuel (studio de télévision, régie,salle de visioconférence).

L’enjeu principal de la réhabilitation est une réorganisation des circulations amorçant la future artère principale de la Faculté, et la connexion avec l’extension entraînant dilatation et ouverture vers la Faculté .

L’intervention sur la bibliothèque concerne des travaux d’amélioration de sécurité de la tour et l’intégration d’un escalier de secours et une voie engin dans le cadre des quais de Loire , classé Patrimoine Mondial de l’Unesco.

L’extension a du répondre à différentes contraintes : un terrain exigu à priori pour le programme demandé ( 5 amphithéâtres et des salles de classes ), la continuité avec la Faculté existante, la volonté d’intégrer un bâtiment moderne dans le respect du PSMV (alignement , limitation en hauteur, traitement architectural respectant l’harmonie du vieux Tours ).

L’assemblage savant des amphithéâtres a permis de répondre aux différentes contraintes. Cette complexité cachée s’est finalisée par une simplification de lecture du projet.

L’aspect extérieur du bâtiment affirme la modernité du site universitaire, tout en reflètant l’intérieur sans concession. Il s’adapte à son environnement par l’utilisation de matériaux contemporains réinterprétant le cadre bâti (béton poli , tôle en bardage , bois bakélisé ), et par un travail sur différents plans de façades créant des effets filtres, existants à profusion dans la ville historique.

LE PROJET

La réhabilitation

Le site des Tanneurs est un véritable labyrinthe, avec des circulations aveugles typique de l’architecture de cette époque. L’intervention d’ateliers 234 amorce le futur axe principal du site et fluidifie les cheminements.

A l’Est, entrée principale de la Faculté, l’axe du bâtiment Thélème est prolongé au niveau RDC. Il permet de simplifier les déplacements vers la Faculté. Au niveau R-1, une nouvelle chaufferie est crée afin d’absorber les nouveaux besoins du site .

Dans la partie Ouest, la restructuration s’est portée sur la partie adjacente à l’extension, sur 4 étages. Au niveau de la rue des Tanneurs, la réhabilitation se fond avec le nouveau bâtiment, un pôle audio-visuel composé d’une régie, d’un plateau télé y est crée. Dans les étages, le flux des étudiants vers les nouveaux amphithéâtres a entraîné un élargissement des circulations au RDC et au R+1 et la création de 2 halls ouverts sur les patios existants dans la continuité de ‘ l’artère principale ‘ du site. Ils apportent lumière naturelle et vue sur la Faculté, pour une meilleure orientation. Depuis ces halls, une passerelle permet la jonction avec les amphithéâtres de l’extension. Une deuxième connexion vers les nouvelles salles de classes est créée sur 3 niveaux.

Les travaux dans la tour de la bibliothèque Universitaire comprennent différentes interventions.

Une restructuration légère avec le déplacement de la bibliothèque de langues anciennement située dans le bâtiment Faculté vers le bâtiment liaison, ainsi que des aménagements de bureaux dans les salles de lecture.

Les principaux travaux concernent la mise en sécurité de la tour .Un escalier métallique extérieur est construit du R+3 au RDC afin d’améliorer l’évacuation. Il se double du R+1 au RDC. Sa peau extérieure est constituée d’une fine maille métallique permettant de diminuer son impact sur la tour. Elle agit comme un filtre créant des effets d’opacité et de transparence suivant les vues. Des plantes grimpantes viendront coloniser cette surface, afin d’intégrer au mieux cet ouvrage sur les Quais de Loire.

Enfin une voie engin est aménagée coté nord, une plateforme est créée pour surélever le sol et permettre le déclassement IGH de la tour. Son aspect de surface est traité avec un béton désactivé étudié spécifiquement pour le projet, constitué de granulats locaux de grandes tailles, il donne un aspect naturel à ce nouveau sol. Un muret en béton matricé ( signature du projet ) vient soutenir ce soulèvement de terrain .

L’extension

Organisation interne

Le bâtiment neuf abrite 5 amphithéâtres d’une capacité de 250 à 300 places, 7 salles de cours de 35 places, 1 salle visioconférence, un pôle audiovisuel (plateau télévision , régie , bureaux). Schématiquement les amphithéâtres se superposent sur 3 niveaux depuis le rez de la rue des Tanneurs.

Le bloc formé par ces grandes salles vient se masser coté tour de la bibliothèque au Nord, et vient s’accoler au bâtiment Faculté par l’intermédiaire des halls d’étage donnant sur deux patios. Deux liaisons sont créées avec l’existant, une de plein pied, l’autre par une passerelle escalier, en raison des décalages de niveaux dus à la hauteur des amphithéâtres.

Sur les deux cotés « publics » rue des tanneurs et rue Monseigneur Marcel, le bloc est doublé d’une ceinture d’escaliers et de coursives extérieures, ou de petites salles destinées à affaiblir l’impact visuelles des amphithéâtres. Elles forment une transition avec l’environnement bâti dont l’échelle est celle du logement.

Deux patios prennent place entre l’extension et l’existant, ils apportent de la lumière au cœur du projet et permettent à l’opération de respirer. Les halls entièrement vitrés donnent directement sur ces espaces plantés, ils profitent de la lumière et permettent un repérage évident dans le site.

En raison de fortes contraintes tant intérieures qu’extérieures, chaque étage est différent.

Au R-1 (au Rez de la rue des Tanneurs) , le bâtiment est limité par l’accès au parking existant. Sur la façade Ouest, vient s’implanter le logement du gardien qui possède une entrée indépendante depuis la rue. Au Sud, sur la rue des Tanneurs se trouve l’entrée de ce nouveau bâtiment, devant restée secondaire dans la Faculté.Cette entrée est cependant discrètement mise en scène par une cour anglaise et un porche constitué par une coursive supérieure. On trouve à ce niveau, le 1er amphithéâtre, une salle de classe et un pôle audiovisuel (plateau télé, régie, salle de visioconférence). La hauteur de l’étage est de 3,40 m et le bas de l’amphithéâtre s’enfonce de 1,70m par rapport à la rue. La cour anglaise sur la rue des Tanneurs permet l’évacuation de l’amphithéâtre et apporte de la lumière naturelle, elle sert également d’espace tampon par rapport à la rue.

Au RDC, le bâtiment occupe le gabarit maximum et vient occulter l’étage de la tour correspondant. Cela permet d’y disposer les 2 grands amphithéâtres (300 places) et une salle de classe, desservis par un grand hall entièrement vitré sur le patio planté. La hauteur de cet étage est de 5.10m, quasiment équivalente à celle des étages de la tour . Cet espace se trouve au centre de l’opération, les limites du hall s’étendent jusqu’au bâtiment Faculté. Le soir, les halls éclairés deviennent de véritables lanternes et signalent les nouveaux amphithéâtres.

Au R+1, le bâtiment se met en retrait de la tour pour maintenir un éclairement naturel des amphithéâtres de cet étage. Deux amphithéâtres plus petits (250 places) laissent place à des salles qui viennent en couronnement coté rue des tanneurs. Le hall haut est ici en rapport direct avec son contexte extérieur. Grâce à des cadrages privilégiés, il se prolonge d’un coté vers la vieille ville et de l’autre vers les arbres des Quais de Loire.

La superposition de ces étages différents, répondant à la recherche de lumière naturelle et aux règles de retrait du PSMV , entraîne une structure spécifique . Le dénominateur commun est constitué par les circulations verticales (escaliers et ascenseurs) et par les halls superposés donnant sur les patios . Ainsi le système de circulation reste simple. Les 2 connexions avec l’existant se font essentiellement aux niveaux RDC et R+1. Des escaliers libres viennent compenser les différences de niveaux entre la hauteur des niveaux existants (3,40m) et celle des amphithéâtres (5,10m).

L’insertion dans la ville

Le nouveau bâtiment affiche une image contemporaine à la faculté existante, tout en s’adaptant à l’ environnement historique. Face aux constructions existantes, qui se parent de toits style « vieux Tours », le bâtiment neuf insiste sur le travail des façades et des matériaux, créant des plans successifs et des effets de filtres rappelant ceux de la ville historique.

Les différents nus permettent au bâtiment de se rattacher à son contexte immédiat. Sur la rue des Tanneurs, le premier plan est constitué par les façades des salles de classes, il prolonge le plan de façade de la Faculté. Le deuxième plan est celui des amphithéâtres, en retrait par rapport à la rue. Entre ses deux plans, un entre-deux constitué par les coursives et les escaliers d’évacuation. En se retournant sur la rue Monseigneur Marcel, le second nu vient s’aligner avec la tour de la bibliothèque.

Le plan extérieur est formé pour les parties opaques par des panneaux de béton poli constitué de granulats rappelant la pierre locale, de menuiseries et de bardage en aluminium naturel, ces matériaux s’harmonisent avec la Faculté existante.

Ce premier plan est prolonger par un ensemble de « filtre en bois bakélisé ».

Constitué de lames verticales espacées, son apparence alterne transparence en vue de face, et opacité en vue de biais. Il permet de poser un voile sur les coursives et les escaliers d’évacuation des amphithéâtres. Le bois bakélisé s’inscrit dans son environnement, rappelant les maisons à pans de bois du vieux Tours.

Le dernier plan est celui des amphithéâtres, il est en béton brut matricé, élément massif, il rattache le bâtiment au sol. Ce béton matricé s’étend à l’intérieur dans les halls des amphithéâtres. De même, il est utilisé pour tous les murets extérieurs, sur tout le site. Il devient la signature de la nouvelle opération. Le motif de la matrice a été spécifiquement dessiné pour le projet, il créé des ombres symbolisant les ondulations de la Loire.

Au R+2, le volume haut est traité comme une toiture avec un matériaux spécifique, une vêture en tôle extrudée laquée grise, rappelant sans les pasticher, les toitures alentours.

Dans le respect de l’esprit du règlement du PSMV, les hauteurs sont réglées sur les allèges de la Faculté afin d’assurer une continuité entre l’existant et l’extension.

Les terrasses constituent une cinquième façade, elles sont parfaitement nettes de tout élément technique non maîtrisé ( bouches , extracteurs etc.. ). Un édicule permet de regrouper toutes les sorties en toitures nécessaires. La surface devient abstraite, des gravillons de teintes différentes

(blancs et gris) viennent renforcer les plans successifs des terrasses.

LA LUMIERE NATURELLE

La lumière naturelle pénètre dans tout le bâtiment, par des dispositifs adaptés .

Tous les amphithéâtres sont éclairés naturellement. Sur la façade sud et Ouest, les lames en bois servent de filtre et colore l’espace intérieur. Dans les étages supérieurs, l’avancée de toiture est percée de trémies afin de faire pénétrer la lumière.

Pour la circulation du R+1, coincée entre les salles de classes donnant sur la rue des Tanneurs, et les amphithéâtres hauts, des lanterneaux sont créés. Pour les autres circulations, une faille entre la Faculté et l’extension apporte vue et éclairage naturel.

Les deux patios intérieurs situés entre l’existant et les halls d’étages entièrement vitrés apportent le lumière nécessaire.

ESPACES INTERIEURS ET MATERIAUX

Les halls

On retrouve le béton matricé, il constitue le fond de scène des halls donnant accès aux amphithéâtres. Un éclairage indirect rasant renforce son relief. Une légère lasure blanche permet d’homogénéiser sa surface.

Le sol des halls est en mortier de résine gris, sol coulé dénué de calepinage, il offre une surface continue et pérenne, et institutionnalise ces espaces.

Les plafonds acoustiques sont en bois naturel clair (essence frêne ), les voiles de l’ascenseur reçoivent une peinture minérale mate rouge sombre. Le bois et la peinture réchauffe ainsi les teintes grises du béton.

Les amphithéâtres

Les amphithéâtres sont signalés par des portes percées de hublots révélant la couleur vive des sas d’entrée. Une fois à l’intérieur, on retrouve la résine de sol grise des halls et les plafonds en bois clair. Les murs sont peints dans une teinte chaude, le mobilier est du même bois clair que les plafonds. L’espace est d’une teinte homogène. Un éclairage spécifique a été conçu pour les plafonds, des plaques en polycarbonate translucide permettent de diffuser la lumière artificielle.

ateliers 234 a façonné un projet contemporain respectueux de son environnement historique. Dialoguant avec son contexte par un jeu de matériaux et de plans successifs, le nouveau bâtiment amphithéâtres de la Faculté François Rabelais se révèle au fur et à mesure de son parcours.