PARTI PRIS
Le projet se veut être une tension équilibrée entre l’environnement urbain dense et hétéroclite du centre de Boulogne-Billancourt et les composantes du programme, l’école, la permanence de quartier, le gymnase, quelques logements et le jardin public avec le parvis d’accès à ces équipements.
Une diagonale virtuelle tracée sur le site, entre la Route de la Reine et l’inflexion de la rue de Paris, permet d’y lire un «espace de front» et un «espace de fond».

«L’espace de front», sur la rue de Paris et sur la rue Maître Jacques, est celui le plus immédiatement perceptible et accessible. Il est dévolu aux pratiques publiques les plus polyvalentes, celles du parvis et du jardin.
«L’espace de fond», en cœur d’îlot et inséré entre les mitoyens, est propice aux activités plus spécifiques de l’école et du gymnase.

Les différents lieux de l’école ont été disposés, en U, de manière dynamique, ouvert sur le parvis et le jardin avec comme point d’orgue le restaurant scolaire.
Ils forment une promenade architecturale autour d’un cheminement sous auvent et d’une rampe-pont abrités depuis les salles de classes jusqu’à la restauration, en passant par le préau.

Chaque entité possède une limite claire mais visuellement le regard s’étend au-delà de ces limites.
Le prisme du restaurant se soulève pour ne pas faire obstacle, le préau prolonge naturellement l’espace de la cour en s’ouvrant largement sur elle, l’école est traversée par des vues entre les patios Villa Marie Justine et la cour.
Le travail intérieur porte sur la lumière et les vues, il permet de donner une qualité à tous les lieux, y compris aux circulations, et de créer également des parcours intérieurs pour les enfants.

Le gymnase est réalisé en cœur d’îlot, entièrement sous le niveau de la rue, laissant ainsi le maximum de sol praticable pour le jardin et l’école.
Enterré à 10 mètres du niveau naturel, il bénéficie de généreuses amenées de lumière naturelle grâce à l’adjonction d’une faille plantée façade sud et d’une vaste cour anglaise côté est donnant sur le parvis et servant à la fois de refuge à 6 mètres et de vue plongeante sur l’intérieur du volume glissé sous la cour d’école.

Le jardin et le parvis constituent la troisième entité programmatique du projet.
Dans la réalité, ils sont confondus visuellement dans le continuum des espaces extérieurs : la cour de récréation de l’école, la cour anglaise, et même au delà, les plantations des immeubles de la rue de Paris. Les limites visuelles du jardin sont les bâtiments eux-mêmes.
Tous les éléments verticaux du jardin et du parvis, clôtures et plantations, mais également ceux des cours sont donc pensés pour ne jamais compromettre cette totalité.
Les haies en lanières du jardin, les rideaux d’arbres se prolongent jusque dans la cour de récréation comme autant de paravents japonais pour donner de la profondeur.

IMPLANTATION ET VOLUMETRIE
L’implantation des bâtiments s’inscrit dans un respect du parcellaire et des typologies urbaines existantes.

A l’angle des rues de Paris et Maître Jacques, est créé un parvis desservant l’ensemble des équipements qui constituent l’opération et définissant ainsi la façade principale de cet ensemble.

La tête de la villa Marie Justine, formée par la permanence de quartier et son logement, crée l’articulation et le lien entre les échelles différentes que représentent la villa et le cœur d’îlot occupé par l’école, le gymnase et le jardin.
Le volume coloré formé par l’entrée de la permanence fait écho à la tête de l’école avançant en porte-à-faux sur le parvis et crée ainsi un dialogue architectural entre ces deux entités. Cette relation est renforcée par le caractère public affirmé de chaque équipement à travers de larges façades vitrées ouvertes sur le parvis.

La villa Marie Justine conserve son échelle résidentielle et son “ambiance paysagère et pittoresque” :
L’école présente sur la villa un front bâti découpé composé des logements en duplex formant quatre maisons avec le centre de loisir et la permanence de quartier. Ces quatre volumes s’articulent autour de patios créés entre les maisons et des jardins plantés, sur la bande de recul imposée à l’alignement de la Villa.

A l’intérieur de l’îlot, l’école se développe en long, sur une étroite bande, dans un esprit de continuité parcellaire (trame ancienne issue des cultures maraîchères) et permet de créer en cœur d’îlot un véritable espace libre traversant d’est en ouest, composé du jardin public et de la cour d’école.

Le réfectoire traité comme un volume indépendant est perché dans les hauteurs face aux arbres du jardin public. Il vient fermer la figure en U créée autour de la cour par l’école en long, le réfectoire et un jeu de rampes en retour.

Le gymnase trouve sa place naturellement sous la cour de l’école, il est encadré par de longs murs végétaux formant son décor extérieur sur ses façades sud et est.

ORIENTATION, ENSOLEILLEMENT ET LUMIERE NATURELLE
La conception des espaces extérieurs et l’implantation des bâtiments permettent d’avoir le maximum d’ensoleillement possible tout en ménageant pour un meilleur confort d’été des surfaces ombragées dans le jardin et la cour d’école ; ceci, grâce aux plantations d’arbres et d’arbustes et aux surplombs ou avancées de toit des bâtiments tel que le réfectoire, le préau, les façades sud et est de l’école.

L’ensemble des locaux de vie de l’école y compris les circulations verticales et horizontales bénéficient de la lumière naturelle grâce à de larges baies sur l’extérieur.

Les circulations sont orientées au nord et forment un espace tampon.

Les classes, l’administration et le pôle ressources sont orientés au sud, largement ouverts sur l’extérieur tout en bénéficiant de protections solaires mobiles et orientables.
Des loggias / serres forment des espaces «tampons» devant les classes qui permettent d’optimiser les apports solaires en hiver et en demi-saison.

Le préau et le réfectoire forment deux bâtiments indépendants.
Le préau s’ouvre sur la cour, façade est, et bénéficie d’une lumière zénithale en fond de local.
Le réfectoire est en surplomb sur les espaces libres, la grande salle à manger des enfants est tournée vers le jardin public et bénéficie de larges vues sur ses façades nord, est et sud.

Le gymnase enterré bénéficie également de lumière naturelle par une vaste cour anglaise façade est plantée entre la cour et le jardin public, et une autre cour anglaise façade sud prise entre la rampe du réfectoire et le mur pignon planté. Ces deux faces lumineuses et végétalisées contribuent à donner au gymnase une périphérie extérieure agréable qui gomme la sensation d’enclavement.

Les logements Villa Marie Justine orientés nord-est bénéficient de larges ouvertures et les séjours sont organisés afin de profiter d’une double orientation dont l’une est dirigée latéralement vers le soleil, soit à l’est, soit à l’Ouest. Les séjours ainsi que les chambres bénéficient de larges terrasses qui forment de véritables pièces d’été.

ENVELOPPE
Enveloppe, structure et systèmes d’apports passifs

L’enveloppe des bâtiments et leur structure ont été pensées de façon à réduire les besoins en énergie en privilégiant l’isolation par l’extérieur et une conception centrée sur la lumière et l’ensoleillement qui permet l’utilisation de l’énergie solaire passive.

L’inertie thermique forte de l’ensemble des bâtiments est donnée par leur structure réalisée en béton armé pour l’école (planchers, façades et voiles de refends), le réfectoire (dalle épaisse), le gymnase (parois moulée, planchers et poutres épaisses de 25 m de portée) et également par leur construction en limite séparative contre les murs mitoyens.

En façade, devant chaque classe, est créée une loggia/serre orientée sud fermée par des ventelles orientables en simple vitrage. Elle permet de capter, stocker et transférer les apports solaires par le plancher en béton armé et par le renouvellement d’air de la classe pris dans ce volume (air neuf préchauffé).

L’extraction d’air se fait par simple flux et son débit est variable en « tout ou peu ». Il passe de 450 m3/h (débit réglementaire) à 125 m3/h lorsque la température de la loggia est basse et risque d’être inconfortable pour les élèves (sensation de froid). Dans ce dernier cas nous revenons au schéma classique avec ouverture des fenêtres aux récréations pour assurer le renouvellement d’air nécessaire.

En été le confort de ces espaces est assuré par une ventilation naturelle (ventelles et châssis coulissants ouverts), une ventilation mécanique (diurne et nocturne), une protection solaire par brise-soleil (plancher loggia), stores sun-screen (en mi-saison) et une inertie thermique importante.

L’ensemble des autres façades exposées de l’école et du restaurant est protégé par des protections solaires orientables, pour certaines motorisées et asservies à la course du soleil comme les ventelles en verre coloré du pôle ressources et celles en bois du réfectoire.

USAGE/CONFORT
Usage, confort et spatialité

Les loggias des classes ne sont pas uniquement un espace contenu dans une « double peau » mais aussi et surtout un lieu spécifique donné en plus à la classe. Elles sont accessibles depuis l’atelier de la classe qu’elles prolongent en un espace compris entre l’intérieur et l’extérieur. Elles sont un outil pour les enseignants qui leur permet, en s’appropriant cet espace, de développer un projet pédagogique autour d’expériences botaniques choisies tels que potagers, plantes exotiques, cultures,…

Les fonctions détachées de l’école, les classes, l’administration, le préau, le restaurant s’enchaînent autour de la cour et sont perçues comme autant d’évènements articulés les uns aux autres.
Les espaces qui n’abritent pas le cœur de l’activité de l’école sont placés du côté Villa Marie Justine.
Les logements s’intègrent ainsi dans l’environnement des maisons existantes.
Les salles spécifiques du centre de loisirs donnent sur un petit patio jardin qui leur est réservé côté Villa. Mais l’ensemble du centre de loisirs bénéficie d’un accès très direct à la cour de récréation et aux salles du Pôle ressources.

La permanence de quartier donne à la fois sur un patio, des jardins côté Villa et sur l’espace public du parvis.

L’éclairage naturel des classes est très uniforme. L’éblouissement en façade sud est limité par l’ombre créée par les loggias et le fond de la classe bénéficie du second jour sur la circulation nord éclairée naturellement.

Les faux plafonds acoustiques de l’école et de la permanence de quartier sont volontairement partiels pour bénéficier de l’inertie thermique apportée par les planchers.

Performances

Les bâtiments respectent la RT 2005 et le résultat estimé en consommations énergétiques est à mi chemin entre HPE et THPE 2005 (Cref – 15%)
U bât inférieur à U bât réf – 5,15%
C inférieur à Cref – 14,85%

PAYSAGE
Aménagements extérieurs paysagers

Le jardin public
Le jardin est accessible par deux entrées, l’une sur le parvis, l’autre sur la Route de la Reine.
Le jardin s’insère avantageusement dans son milieu environnant et développe des séquences tout au long de la diagonale qui relie les deux entrées.

De grands arbres de haut jet marquent cette diagonale sous laquelle serpente une allée sinueuse qui traverse des lieux distincts qui forment autant de séquences :
Alternance de surfaces enherbées, de bandes plantées de haies basses et d’arbres, d’espaces dédiés aux loisirs, jeux d’enfants, lieux de repos,…
De même l’entrée vers la Route de la Reine est marquée par une pergola qui donne un fort impact végétal depuis l’avenue et crée ainsi un passage entre l’animation urbaine de l’avenue et l’univers plus intime du jardin.

Le jardin converse avec les éléments extérieurs par un vocabulaire commun. Ainsi, les échos au milieu naturel se retrouvent en architecture, la cabane dans les arbres, les serres, l’utilisation du bois en façade et les toitures végétalisées.

De la rue Maître Jacques, tel un paysage japonais qui avance ses paravents, des écrans de silhouettes d’arbres aux troncs multiples forcent la perspective vers la cour de récréation de l’école pour se poursuivre jusqu’au préau.

La cour de l’école
La cour de l’école est traitée d’une seule manière, nous retrouvons les mêmes végétaux et le même esprit entre la cour de récréation et le jardin.
Tout un univers pour les enfants est mis en place : on entre et on sort du sol, on grimpe et on glisse, on court, on joue au basket,…

Les cours anglaises du gymnase
Les murs périphériques des cours anglaises accueillent des plantations de végétaux grimpants et offrent un décor et une vue sur l’extérieur au gymnase enfoui sous la cour d’école.

Villa Marie Justine

Entre le bâti alternent des patios et des cours jardins plantés d’arbres et d’arbustes conservant ainsi le caractère « pittoresque » et verdoyant de la villa.

Ambiance nocturne

Le soir, depuis la rue et le parvis, le jardin et l’école offrent au passant un fond lumineux fait de touches colorées et de sujets éclairés.
Le chemin sinueux qui parcourt le jardin jusqu’à la route de la Reine est mis en valeur par les grands arbres éclairés depuis le sol.
Le jeu de quilles sous le réfectoire se reflète sur sa sous face et forme des bâtons lumineux colorés.
En écho, les ventelles colorées de l’école créent un décor lumineux aux couleurs du jardin.
En contrebas, un halo mystérieux provient de l’activité du gymnase qui disparaît dans l’ombre après minuit.